BLOG LILI AU FIL DES PAGES, lundi 25 avril 2022


Entre toutes les femmes est un roman qui fut publié en 1990 et qu’on ne trouvait pratiquement plus. Les éditions Sabine Wespieser ont eu la bonne idée de rééditer ce roman inoubliable. L’auteur, aujourd’hui décédé, fut très lu en France.

Cette histoire nous plonge en Irlande aux côtés de Michael Moran vieillissant dans sa demeure de Grande Prairie. Michael Moran a fait la guerre d’Indépendance entre 1919 et 1921 et est devenu plutôt acariâtre. Plus de goût à la vie. Ses fils sont partis vivre au loin. Ils ne supportaient plus l’autorité de ce père. Les trois filles se sont installées entre Londres et Dublin et font ce qu’elles peuvent pour le visiter et apporter affection et gaieté en cette demeure sur laquelle veille avec beaucoup d’abnégation Rose Brady, la seconde épouse. Mais Moran est intraitable…

Quel homme fut-il dans sa jeunesse ? McQuaid, qui combattait à ses côtés, est longtemps venu célébrer le Monaghan Day. Il y venait pour le bon repas, pour partager de vieux souvenirs et boire le whiskey. Sans whiskey, pas de McQuaid.

C’est alors que les filles de Moran, pour offrir un peu de vie, à Grande Prairie décident, avec la complicité de Rose, de remettre ce jour à l’honneur, malgré la mort de McQuaid. Et, petit miracle, Moran se déride, évoque les sujets jusque-là tabous, plonge dans les prières, comme autrefois… Il se souvient de son ami, dont il ne dit pas forcément du bien. On découvre que, lui, Moran, n’a pas demandé sa pension de vétéran à laquelle il pouvait prétendre. Cette guerre n’a servi à rien, qu’à tuer et à voir mourir autour de soi. Pour rien… Seulement quelques Irlandais mis à quelques postes clés à Londres. Les souvenirs sont là, et la vie des femmes aussi sur cette terre âpre et dure, au sein d’une famille refermée sur elle-même.

Pour ces femmes, il fut difficile de trouver de sa place, de s’épanouir, d’aimer, de rejeter la haine. Pourquoi toujours se soumettre à ce patriarche Moran, homme revêche, autoritaire ?

Fallait-il agir comme les fils qui trouvèrent leur liberté dans la fuite ? Mais ces femmes sont exceptionnelles, au fil des jours, elles ont appris à sourire et à regarder vers le ciel autrement qu’avec un chapelet en mains.

Un fort beau roman à (re)découvrir.