Coup de cœur de la librairie PAR MOTS ET MERVEILLES (Maubeuge)


« Marie, la narratrice, maman d’une petite fille de presque 3 ans, lors de vacances d’été, rencontre à la croisée de chemins une sculpture de la Vierge Marie avec l’inscription Et à l’heure de notre ultime naissance. S’impose alors en elle l’impérieuse nécessité de remonter le fil de l’histoire des ses aïeules, toutes filles-mères.

Au commencement de cette quête, ledit fil remonte à la découverte de courtepointes par un chercheur dans le grenier de l’Hôtel-Dieu de Reims, “fruit du travail d’artistes véritables, et dont il est fâcheux de ne pas connaître les noms que leur modestie nous a dérobés” et, complète la narratrice, “la modestie ou l’ensemble des forces qui confisquaient le nom des femmes depuis des siècles”.
Marie-Julie, tisseuse, donnait naissance à Ernestine en 1882, Ernestine accouchant en 1909 de sa fille Madeleine, Madeleine donnant naissance à F, tante de la narratrice.

Tout au long de ses recherches, de sa quête, Marie reconstitue la trajectoire de ses ancêtres, celle aussi de toutes les femmes donnant naissance hors mariage. Le peu de droit qui leur était accordé pour devenir mère au regard de la loi. Et “liées entre elles par l’absence des hommes et la volonté de se sortir de la misère”, dit tante F. Le pourquoi, les circonstances dans lesquelles ces jeunes filles tombent enceintes, ne sont pas connues. Peu importe, ce qui compte n’est-ce pas le fil qui relie Marie à ses ascendantes dignes ? “Je mettais mes pas dans leurs histoires. Je brodais pour combler les trous qu’il manquait. J’inventais s’il fallait. Le travail devenait tissage. Le tissage, le travail par excellence. Le grand travail de vivre et de penser, celui d’aimer aussi, je savais enfin lui donner une forme. […] Deux fils de vie […], un fil au dessus, un fil en dessous. […] Il y avait là un vêtement qui me tombait parfaitement sur le corps. Tisser, penser, donner naissance.”

Un fil de trame, un fil de chaîne. La vie. »