ÉTUDES, Aline Sirba, septembre 2020


« Après la chute du mur de Berlin dans son premier roman (Trois jours à Berlin, Sabine Wespieser éditeur, 2019), Christine de Mazières revient sur le tournant de la politique migratoire allemande en 2015.

Alternant les points de vue, elle narre le périple de migrants ayant l’Europe pour ligne d’horizon, après des mois d’errance à travers la Méditerranée et les Balkans. Fuyant la guerre en Syrie, les talibans en Afghanistan, ou encore l’État islamique, des dizaines de réfugiés attendent dans une forêt hongroise un véhicule censé les conduire en Allemagne. Parmi eux, Asma et sa sœur, qui ont fui la Syrie après avoir été torturées par les services de renseignement du régime, et Tamim, un adolescent afghan sur les routes de l’exil depuis trois ans. La nuit du 26 août 2015, un camion frigorifique arrive enfin ; soixante et onze hommes, femmes et enfants s’y engouffrent, ignorant que leur voyage se terminera tragiquement sur une aire d’autoroute autrichienne, suscitant l’émotion publique, à l’instar d’Helga, Juive allemande qui se souvient avoir fui la Prusse-Orientale envahie par l’Armée rouge en 1945. Au sommet de l’État, Angela Merkel fait face à la solitude devant l’inertie des nations, le désarroi des pays en première ligne et le drame qui se joue aux portes d’une Europe impuissante et divisée. Prônant l’ouverture des frontières, elle prononce le fameux « Wir schaffen das ! » (« Nous y arriverons ! »), soulevant l’enthousiasme de la majorité allemande solidaire. Avec subtilité, l’auteure entrelace le destin d’individus exilés et celui d’une femme de pouvoir à qui le devoir humain intime de prendre une décision d’accueil, contre les sceptiques et les hostiles, mettant son peuple au défi d’agir pour la fraternité et la liberté. »

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