FORUMOPERA.COM, Christophe Rizoud, jeudi 10 janvier 2013


« La vie de Wagner est un roman »

« Puis, alors que tout a été écrit, sur l’homme comme sur l’artiste, quel meilleur chemin emprunter pour leur rendre hommage que celui de la fiction ? […] Encore faut-il, pour parvenir à transmuter les faits sans les dénaturer, trouver le bon aède. Vincent Borel, critique musical et romancier, est l’un des rares à posséder la double compétence. Son Richard W. n’est pas une biographie romancée comme il en existe des centaines. La structure de l’ouvrage, faite de travellings dont le cinéma ferait son miel, sait éviter l’ennui de la chronologie, tout en respectant les règles de la narration. Le style flamboie, non à la manière de ces feux emphatiques qui à force d’excès dénaturent le propos, mais en usant de rhétorique et de figures. La pulsation de l’écriture capte et retient l’attention. Qu’importe les événements qui balisent le destin exceptionnel du Wotan de l’opéra, ils sont déjà connus. Seule compte la proposition alternative à ce regard réprobateur qu’a posé la postérité sur Wagner. Prime alors l’art du portrait – Richard mais aussi Minna, Cosima, Bakounine, Louis II, Nietzsche… – que dessine une plume inspirée, ces tableaux qui ne sont pas photographies et qui pourtant, à la manière des toiles de Lucian Freud, nous en disent davantage sur leur sujet que le plus fidèle des clichés. Tout comme ce roman répand davantage l’ivresse wagnérienne que bien des ouvrages laudatifs édités en ces temps commémoratifs. »