LE MAGAZINE LITTÉRAIRE, Philippe Rolland, février 2013


« Wagner, de chair et de son »

« Entre Wagner le titan et Wagner la crapule, il y a tout un territoire à explorer pour le romancier mélomane qu’est Vincent Borel : à rebours de ce qu’il appelle le mythe officiel, il prend le pari de mettre en scène un Wagner enfin non monolithique, vivant, complexe, charnel, pittoresque, et même attachant. Qu’on se rassure : il ne cherche pas à minimiser la haine que Wagner a exprimée contre les Juifs, même s’il remarque que le compositeur à la fin de sa vie prend ses distances à l’égard de l’antisémitisme. Les faiblesses et les défauts du personnage ne sont pas passés sous silence, mais ils sont inséparables de ses qualités : sa générosité, son idéalisme, son mépris des convenances, son charisme, la pugnacité avec laquelle il affronte l’incompréhension, les ennuis de santé, les époques de misère et d’errance. […] À Debussy qui reprochait à Wagner d’être un homme auquel il n’a manqué que d’être un peu plus humain pour être tout à fait grand, Borel apporte le plus beau des démentis. »