LE TEMPS, Éléonore Sulser, samedi 25 avril 2020


« Elle vit confinée pour échapper à la mort. Et pourtant, Anna n’est pas menacée par un virus dangereux qui l’obligerait à se terrer sagement sans sortir, de peur d’être contaminée. Elle n’est pas non plus, à l’instar d’Anne Franck, qu’elle aime, dont elle cite le Journal et revisite «l’annexe» chaque fois qu’elle passe par Amsterdam, dans la crainte – qui se justifiera hélas, en 1944 – d’une déportation par l’occupant nazi.

Anna est une espionne, une vraie, avec permis de tuer et qui ne s’en prive pas, et dont la dernière mission a mal tourné. Repérée, elle a pris la fuite et doit fuir pour ne pas risquer de tomber entre les mains du camp adverse et d’être éliminée. A moins que son propre camp ne décide à son tour qu’elle est devenue un poids inutile? Pour l’heure, elle n’a d’autre choix que de faire confiance à ceux qui l’ont exfiltrée. Anna est donc cachée, quelque part de l’autre côté de l’Atlantique, à Seattle lui dit-on. Mais peut-être est-elle en fait à Montréal – où vit d’ailleurs Catherine Mavrikakis, qui signe L’Annexe, ce formidable roman d’aventures en chambre qui doit autant au polar qu’à l’histoire littéraire. »