LES ÉCHOS, Philippe Chevilley, mardi 26 mars 2013


« Caroussel irlandais »

« Les mémoires d’un écrivain peuvent décevoir : parcellaires, redondantes… Elles n’intéressent alors que les fans. Ce n’est pas le cas de l’ouvrage d’Edna O’Brien, Fille de la campagne – clin d’œil à sa fameuse trilogie The Country Girls, parue à l’aube des années 1960. Car l’auteure irlandaise a fait de ses souvenirs un feu d’artifice littéraire, au gré d’un récit vagabond, plus ou moins chronologique, qui nous trimballe de Dublin à Londres et New York.
Fille de la campagne est autant l’histoire d’une femme, d’une artiste, qu’un livre d’histoire tout court. L’histoire de l’Irlande catholique étriquée de l’après-guerre ; de l’Angleterre en ébullition des années 1960-1970 – le fameux Swinging London –, de la tragique et cruelle guerre des religions en Ulster ; et, enfin, d’une culture mondialisée dont l’épicentre est la Grosse Pomme. Dans ce grand décor mouvant, tour à tour grave et glamour, Edna O’Brien nous raconte son combat. Pour être écrivain, pour être femme – pour être femme écrivain. […]
De tous ses romans, sa vie est peut-être le plus beau. »