LIBÉRATION, Charline Guerton-Delieuvin, samedi 26 août 2023


Les outils («un spéculum, des pinces, […] et une mèche de coton enroulée») sont éparpillés dans cette chambre mal rangée où «des carnets de croquis traînent». Rien de très professionnel. Son amant incompétent est à ses pieds et fait «pénétrer cette mèche» pour que «le fœtus tombe» ; elle, assise sur le bord du lit, l’éclaire à la lampe torche. Et à ce moment, dans les années 60, elle «pense au condamné à mort, mains ligotées, yeux aveuglés par un bandeau, ne sachant pas ce qu’est la mort, doutant de sa véracité dans l’instant qui la précède, refusant de croire qu’il s’agit de lui». Plusieurs fois, elle a connu cette violence qui semble disparaître dans la seconde partie du roman avec la rencontre de Reda Selmane, un juriste algérien exilé en France. Bien sûr, il connaît son histoire, «en revanche, elle ne lui dit pas que l’enfant dont elle a avorté lui apparaît parfois. Celui qu’elle appelle […] le petit dieu bleu». Martine Van Woerkens est ethnologue, spécialiste de l’Inde.