LIBRAIRIE LABYRINTHES, Rambouillet, août 2015


Catalogue « Rentrée littéraire août-octobre 2015 »

« Imaginez que vous puissiez entrer dans la tête d’un écrivain, traducteur de surcroît (de l’anglais et de l’allemand), profondément cultivé et passionné par les mouvements de l’Histoire et la construction des idées, et que – telle une petite souris glissée par effraction dans l’envers du décor – vous accompagniez sa démarche et son parcours dans la découverte d’un sujet de curiosité qui va finir par faire un roman.

Dans son cinquième roman publié aux éditions Sabine Wespieser, Diane Meur commence à Berlin, dans des archives, à fouiller la vie du compositeur Felix Mendelssohn, petit-fils du philosophe juif et humaniste Moses Mendelssohn. Entre les deux il y a l’un des fils de Moses (le patriarche eut au total dix enfants), Abraham le banquier, qui deviendra le père de Felix. Autour d’eux, à travers les filiations, mariages, naissances, migrations, des centaines de parcours qui finissent par former une symphonie puissante, celle de l’histoire même du monde. […]

La carte des Mendelssohn est un objet réel, fabriqué par l’auteur (qui nous explique d’ailleurs comment), une tentative de représenter physiquement tout ce que l’écrivain accumule, dépassant rapidement le simple arbre généalogique pour devenir un vertige géographique et historique, qui parcourt trois siècles d’histoire allemande et internationale. Mais ce roman dans lequel l’écrivain se met en scène et nous montre ses recherches, ses découvertes, ses étonnements, ses lectures, ses difficultés, tout le parcours d’une pensée en marche, est aussi un grand roman sur l’écriture elle-même et sur les racines de toute écriture. […]

La Carte des Mendelssohn est à la fois le roman de l’enquête, dévoilant les sources utilisées et les problèmes rencontrés, et dans le même temps le roman de l’écriture du roman, en train se de se produire sous nos yeux.

Ce tour de force littéraire, nourri à la fois d’une exceptionnelle érudition et d’un sens du rythme et de la phrase, se dévore… comme un roman. Matériaux nobles et classiques, confortables, surpiqure apparente du tissu du roman et de la doublure de sa confection, innovant dans sa forme comme dans son propos, voilà le tailleur Chanel. Il sera sans doute beaucoup copié. »