WWW.LACAUSELITTERAIRE.FR, Grégoire Meschia, octobre 2013


« Marie Richeux joue sur les regards, sur les angles de vue qu’on peut porter sur une même scène. Elle utilise différentes focalisations (oscillant de l’externe à l’interne), fait varier les points de vue. Pour éviter qu’un cliché devienne cliché, pour montrer qu’il y a diverses façons de voir et plusieurs choses à regarder.

Cependant, il faut bien choisir un modèle à photographier. Ceux qu’elle expose sont issus des classes populaires, des banlieues. Elle prend en photo ceux que l’on ne voit pas d’habitude : les jeunes des banlieues qui n’apparaissent dans les médias que selon la seule focale de la violence. Elle les rend visibles, nous raconte leur histoire. Dans ces espèces de poèmes en prose, Marie Richeux présente un autre point de vue, une focalisation originale.

Toutes ces histoires sont anecdotiques, elles font le récit de petits riens. Des instantanés du quotidien : un réveil difficile avec une gueule de bois, l’heure à laquelle les jeunes de banlieue doivent rentrer à la maison. Tous ces petits moments qui, mis bout à bout, façonnent une existence. Les Polaroïds de Marie Richeux ne sont pas numérotés, pas rangés selon un ordre chronologique – est donnée néanmoins à la fin de chaque texte leur date de retransmission radiophonique. Comme des photos que l’on redécouvre pêle-mêle au fond d’une vieille boîte à chaussures. Des photos à lire et relire, à écouter et réécouter. »