LITTÉLECTURE, lundi 15 juin 2020


« C’est un livre sur l’exil aux multiples visages. Où tous ont cette destinée commune : partir, fuir, là-bas. Quelles que soient les conditions de voyage, ils doivent quitter leurs proches, leur terre.
Ce n’est ni une aventure ni une épopée. C’est une quête d’une vie meilleure. Quitter le connu pour atteindre l’inconnu incertain. Ce qui les attend ne peut être que meilleur… tentent-ils de s’en convaincre ! La dure réalité sera tragique pour bon nombre d’entre eux… Quoiqu’il leur en coûte, ils suivent leurs chemins. Envers et contre tout.
« Asma et Lefana ont retrouvé la condition précaire de migrantes. Déracinées, invisibles, fugitives. Une vie entre deux, suspendue entre deux vies. »

Et puis parfois des petites touches magiques se produisent, deux regards qui se croisent, une rencontre sans échange, que la brutalité de la situation brise en mille morceaux…
« Comme si elle avait verrouillé la porte qui mène à son âme et jeté la clé dans un puits. Qu’ils prennent mon corps, ils n’auront pas mon âme.« 

Alors il reste l’écriture comme exutoire, la plus fidèle compagne d’infortune, où les mots viennent et sont couchés sur ses quelques pages d’un carnet, dans lequel elle se raconte, elle se réfugie, elle espère encore le temps d’un temps pour elle et pour les siens…
« Et l’enfant Asma a commencé à tracer des lettres sur un cahier rouge. Pour son père. Pour leurs fous rires, pour les chansons qu’il lui apprenait. Elle cherchait le mot juste pour chaque chose. Les mots venaient et se posaient sur la page comme ça, sans effort. En s’assemblant, ils créaient des images nouvelles, qui la surprenaient. Elle écrivait et la lumière sortait des mots. C’était comme une musique dans sa tête. »

Un roman très documenté, il nous rappelle l’existence de faits réels, passés ou encore et toujours d’actualité. Il s’agit là d’un avantage incontestable de lire des romans écrits par une auteure dont l’histoire reste son cœur de cible.

Comme il fut bon de vous relire, très chère Christine de Mazieres. Notre première rencontre à travers votre inoubliable roman Trois jours à Berlin, j’ai retrouvé dans La Route des Balkans, la même sensation, celle d’être avec vos personnages. De les suivre. De courir avec eux. De les entendre. C’est ça, votre force et la puissance de vos mots, nous faire vivre ce que vous raconter. Et vous racontez si bien… Et comme pour le précédent, une nouvelle petite graine a été semée dans ma forêt de coups de coeur littéraires. Alors un grand merci pour cette lecture coup de poing ! »

« La route des Balkans » de Christine De Mazières