« Sages Femmes » de Marie Richeux en vitrine de la librairie BOSTRYCHE (Bienne, Suisse)


La très belle librairie-café Bostryche à Bienne a mis en avant un extrait de Sages Femmes de Marie Richeux sur sa vitrine :

« Je rangeai la lampe, refermai le livre, me glissai sans bruit au-dehors, me déshabillai, les étoiles par milliers constellaient mon corps. Je marchai dans l’herbe humide du terrain, je rejoignis l’eau noire et les poissons fluorescents. J’entrai dans la rivière réchauffée par l’obscurité, je regardai ma peau disparaître dans les flots, nageai quelques secondes dans un léger frisson. Les montagnes étaient de grandes masses noires magiques auxquelles je pouvais m’adresser. “Je suis revenue, fis-je dans un souffle de brasse. Ma fille Suzanne dort sous la troisième tente à gauche, là-bas, sous l’arbre, près de son père. Ma fille Suzanne, vous savez ?” Et les montagnes noires de se pencher délicatement sur mon corps blanc dilué dans l’eau, comme on ferme les paupières à la place de dire oui. Je nageais. À l’eau, j’ajoutais les larmes les plus douces que je n’avais jamais pleurées. C’était une offrande à la rivière qui me le rendait bien. Tout mon corps buvait en nageant, les légers courants orientaient mes chevilles, il me naissait, invisibles, quelques écailles sous les cheveux. »