EN ATTENDANT NADEAU, Jean-Luc Tiesset, mercredi 20 mai 2020


 « La croyance ancestrale selon laquelle les morts continueraient de hanter le monde des vivants et pourraient même leur parler se retrouve partout dans le monde, inspirant artistes et écrivains. Le roman de Robert Seethaler, « Le champ », offre à son tour un espace aux voix venues d’outre-tombe, inaudibles pour le commun des mortels à l’exception d’un seul. Ce que les morts de Paulstadt ont à dire ne sera donc pas emporté dans le vent…

La manière dont les vivants traitent leurs défunts en dit beaucoup sur eux-mêmes. Chaque pays, chaque époque interroge la mort à sa manière, les nécropoles en témoignent. Cependant, au cimetière de Paulstadt, la petite ville qu’imagine Robert Seethaler, les tombes n’ont rien que de très banal, ce sont les morts eux-mêmes qui racontent. Quand leurs voix se mêlent aux bruissements familiers de la nature, seul les entend l’homme qui intervient dans le premier récit pour périr dans le dernier, rendant ainsi la narration possible. Peut-être rêve-t-il, assis sous un bouleau sur son banc vermoulu, ou peut-être les entend-il parce qu’il est déjà âgé, presque des leurs. »