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Libre variation sur la licorne, par Olivier Lhostis, à l’occasion d’une belle rencontre à Chartres samedi 22 octobre


Merci à Olivier Lhostis pour son introduction à la rencontre organisée à Chartres samedi 22 octobre par la librairie L’Esperluète à la médiathèque L’Apostrophe :

« Mesdames et Messieurs, je voulais aujourd’hui vous parler d’édition, mais je vais plutôt vous parler de licornes. Habitués de nos établissements de livres (l’Apostrophe et l’Esperluète), vous savez tous que les licornes existent dans de nombreuses pages, vous les avez lues, mais vous n’en aviez probablement pas encore vu pour la plupart d’entre vous.

La voici, elle est là, c’est Sabine Wespieser. La preuve en est le signe apposé sur chacune des couvertures des livres qu’elle publie. Nous avons de la chance car cet animal fantastique, on le sait, se montre peu. C’est dommage, parce que la licorne, c’est l’élégance et la discrétion : il n’est que de voir le support où elle apparaît, cet objet à la forme originale, discret par la taille, élégant par la forme, sensuel au toucher. Prenez un livre SW en mains et vous constaterez qu’il est différent, doux et souple à la fois, séducteur.

On reconnaît aussi à la licorne sa fidélité indéfectible. À ses auteurs qu’elle accompagne, avec qui elle travaille. Kéthévane Davrichéwy nous le dira sûrement, la relation de SW avec ses auteurs, avec les siens, comme on dirait d’une famille, est unique (comme sa corne). La licorne, c’est la liberté, la plus farouche des indépendances. Aucune concession possible à cet égard : essayez donc d’attraper une licorne. D’autres ont échoué et quand, par malheur, on y parvient, on ne peut que constater, c’est connu, que l’état domestique la voit dépérir irrémédiablement.

Vous n’ignorez pas que la profonde vérité de la licorne est d’être une fiction. Rien ne dit plus la vérité que la fiction littéraire, domaine de publication exclusif de SW. Dans notre monde dit réel, on sait à quel point les vérités sont relatives, instables, contestées, débattues. Dans la fiction, dans le monde fantastique de la licorne, nous, lecteurs, savons la vérité, lisons la vérité. Ce que la licorne nous dit, c’est que lire est un acte de foi, tout comme est un acte de foi le fait de croire en elle. SW a foi en la littérature, les textes des auteurs, les livres qui inventent, témoignent, analysent, font voyager et toute cette sorte de choses mais à une condition, ferme et droite, unique peut-être (comme la corne) : il faut à une fiction une langue, celle qui pourra dire la vérité singulière de chacun de ses auteurs. Ça ne supporte pas le mensonge, une licorne.

Les éditions Sabine Wespieser font partie de ce qu’il est convenu d’appeler la petite édition. Ces maisons où l’éditrice fait tout, et engage son nom sur ce qu’elle lit. Elle est la première à le faire, elle nous précède, nous trace le chemin. Nous autres, foules des lecteurs, n’avons plus qu’à le suivre, comme on suivrait la piste d’une licorne, qu’on n’attrape pas (on en parlait plus haut, ceux qui l’attrapent n’ont rien compris), mais qui nous entraîne dans la traversée d’une forêt enchantée. Alors petite édition certes, mais grande éditrice, merci Sabine, de nous rendre visite aujourd’hui. »

OLIVIER LHOSTIS