ACTUALITTÉ, Nicolas Gary, jeudi 25 mai 2023


Louis-Philippe Dalembert : « L’essentiel est d’être cohérent, en phase avec soi »

Pour poursuivre la série d’émissions Écrire avec Sciences Po, Aurélie Lévy a sollicité Louis-Philippe Dalembert, qui a occupé la chaire d’écrivain en résidence à Sciences Po en 2021.

Louis-Philippe Dalembert vient tout juste d’achever son dernier roman, Une histoire romaine, qui paraîtra à la rentrée de septembre chez Sabine Wespieser Éditeur. Des sentiments contradictoires le traversent. D’une part, la satisfaction de corriger les épreuves après des mois de labeur et d’isolement, de l’autre, l’éternelle insatisfaction de l’auteur face à l’ouvrage.

Au rythme d’un roman tous les deux ans (Milwaukee Blues en 2021 et Mur Méditerranée en 2019, publiés chez Sabine Wespieser), son nom figure quasi métronomiquement sur les listes du prix Goncourt, depuis 2017.

Au micro d’Aurélie Lévy, qui a traduit du français à l’anglais son dernier essai intitulé Exils du temps, l’écrivain haïtien revient sur les grands thèmes de son œuvre : l’errance, le nomadisme, le déracinement et bien entendu, l’exil. Le sien, mais celui aussi des juifs et des migrants de Lampedusa, dont les destins et les causes s’avèrent communs.

D’ailleurs comment prend-on conscience, enfant, de vivre sous un régime dictatorial ? Dalembert nous plonge dans son enfance à Port-au-Prince entouré des femmes de sa vie. Il nous raconte ses premiers émois, mais aussi les arrestations, les disparitions, les silences, la cohabitation et les départs forcés.

Si le romancier reconnaît trouver à présent refuge dans une solitude assumée et harmonieuse, il n’en demeure pas moins prisonnier du temps qui passe « trop vite ». S’isole-t-il pour se protéger, lui, ou son laboratoire de création ? Quelle est la frontière entre le territoire de l’homme et celui de l’écrivain ? Autant de questions existentielles et pratiques auxquelles il tente de répondre dans cet entretien intime et poétique où se chevauchent les versants de la douleur inhérents au nomadisme.

Tout choix, nous rappelle-t-il, même assumé, comporte ses moments de doute. Et c’est tant mieux. « L’essentiel est d’être cohérent, en phase avec ses discours. En un mot, avec soi.»

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