BLOG CLARA ET LES MOTS, mardi 15 décembre 2015


« David en général, regrettait que la poésie et la magie n’interfèrent pas davantage dans nos actes. Il aimait regarder et lire. Pour lui, la poésie, c’étaient le feu et la lumière intensifiés sur les sentiments, les faits ordinaires. Un éclat particulier les transformait en biens rares et précieux. Il pensait souvent que malgré cette époque de jeunisme un peu pathétique, toute cette avidité, ce besoin effréné de célébrité ou de reconnaissance, il était encore possible d’accomplir de belles choses à l’écart est dans le silence, sans toutefois en tirer gloire.

À la lecture de ces quelques lignes, je me suis tout de suite sentie en phase avec David et j’ai eu ce sentiment instinctif que ce livre ne pourrait que me plaire.

Nous sommes à la veille du 24 décembre, David, qui s’occupe de déneiger les routes des petites communes en montagne, ne pourra pas s’acquitter de sa tâche à cause d’un problème de tracteur. À soixante ans, veuf depuis quelques années, il a toujours connu la montagne et c’est lui qui débloque les routes enneigées et permet aux habitants des différents hameaux de ne pas vivre isolés. Sauf qu’Antoine (qui est comme un fils pour lui) le prévient à la dernière minute de son arrivée. Il vient en stop et finira la route à pied. Mais, à la nuit tombée, Antoine n’est toujours pas arrivé, alors David s’emmitoufle et part à sa rencontre malgré le froid. Ces paysages, ces champs qu’il connaît comme sa poche, couverts de neige et dans la nuit, le conduisent à l’introspection, à penser à ceux qui ont compté ou comptent pour lui, mais réveillent également des blessures. Tout au long des kilomètres qu’il va parcourir, il va aider hommes et bêtes.

Un roman où la nature est un personnage à part entière avec une écriture sans fioritures mais poétique, une très belle simplicité qui permet de faire ressortir avec beaucoup de délicatesse les émotions. Un livre dans lequel on se sent bien qui apporte de l’apaisement, du réconfort également. Impossible de ne pas penser à Marie-Hélène Lafon car on ressent chez André Bucher ce même amour de la terre, ce même respect pour les hommes et les femmes qui en vivent. »