BLOG ENTRE LES LIGNES, ENTRE LES MOTS, Dominique Gerardin, lundi 25 mai 2015


« Il est, comment donc m’a-t-elle dit, ah oui, il est internationaliste »

« Comment déconstruire l’idée d’identité nationale sur un mode plaisant qui n’occulte ni l’odieux (la xénophobie comme auto-justification), ni le ridicule, ni non plus les raisons historiques qui ont participé à la construction d’une altérité vécue comme totale.

Le conte de Yannis Makridakis met en scène la communauté des Romiotes, ces grecs qui choisirent par deux fois de rester à Istanbul (d’abord lors du traité de Lausanne en 1923 qui organisa l’échange de populations : les musulmans devant quitter le territoire grec, les orthodoxes le territoire turc, ensuite à partir de 1955 lors des pogroms anti-grecs à Istanbul même). Reliques du passé, ils/elles cultivent à outrance ce qui fonde à leurs propres yeux leur identité (religion, langue, traditions culinaires…) pour considérer que la résistance se manifeste prioritairement par la pratique de l’endogamie. Quel drame pour Constantia lorsqu’elle apprend que son gendre vient de découvrir qu’il était un bébé turc adopté par une famille grecque ! Car l’identité bien évidemment existe génétiquement.

La forme choisie procède de la même volonté de déconstruction : une longue lettre adressée par ce gendre (entrecoupée des commentaires de la destinatrice), où la mise en évidence des filiations et des ascendances crée un véritable labyrinthe directement contradictoire au simplisme des identités pures. »