CRI DE L’ORMEAU, sélection du prix Louis-Guilloux 2021, mardi 22 juin 2021


« Embarqué à contre-cœur dans un voyage à Jérusalem que lui a offert son neveu Émile à l’occasion de son cinquantième anniversaire, le narrateur, Robert Stobetsky, célibataire endurci et libraire d’une petite ville en Champagne, croit y apercevoir la silhouette de Madeleine, son amour de jeunesse qui l’a quitté il y a plus de vingt ans. Cet élément déclencheur, qui finit par se révéler épiphanie au fil de la lecture, libère la parole intérieure de Robert qui revient sur ses longues années de solitude post-rupture, son enfance marquée par le décès de ses parents, la douleur d’avoir perdu l’être aimé et les rencontres importantes qui ont jalonné sa vie. Errant dans les quartiers bondés de la ville trois fois sainte qui ploie sous l’omniprésence du fait religieux, il narre ainsi sa rencontre avec l’œuvre de Bach, révélation bouée de secours, grâce à Johann son professeur de violoncelle : C’est à ça que tu reconnais les grands compositeurs. Dans une suite de Bach, dans une sonate de Schubert, dans un air de Mozart, tu peux entendre tout à la fois la détresse abyssale d’un homme en deuil et la joie voluptueuse de quelqu’un qui a été comblé d’amour. Jean Mattern signe avec ce septième roman un monologue saisissant de justesse autour de la perte et de la solitude. • Marc

Ce roman est en lice, aux côtés de neuf autres ouvrages, pour le prix Louis-Guilloux 2021. Porté par le Conseil départemental des Côtes-d’Armor, il récompense un auteur dont le roman s’inscrit dans la lignée littéraire de l’écrivain briochin. Les critères de sélection portent sur l’excellence de la langue, les qualités romanesques du récit, l’acuité et la lucidité du regard posé sur les êtres, et la dimension humaine d’une pensée généreuse, refusant tout manichéisme, tout sacrifice de l’individu au profit d’abstractions idéologiques. »