FRANCE CULTURE, Caroline Broué, mardi 7 octobre 2014


« La Grande Table 1ère partie »

La Grande Table reçoit en première partie d’émission la romancière québécoise, Catherine Mavrikakis, pour son dernier roman, La Ballade d’Ali Baba, paru cet été aux éditions Sabine Wespieser. Dédié « aux quarante voleurs », ce livre entre légèreté et profondeur est un bel hommage au père disparu.

« CM – Le temps de la narration, c’est un temps de l’entre-deux. […]
CB – Il est enterré et il revient. Seule la littérature peut permettre ça.
CM – Mais oui, seule la littérature peut permettre ça, et c’est tant mieux d’ailleurs. Seul l’art peut permettre ça, les films aussi. C’est-à-dire qu’il y a un espace littéraire, il y a un espace artistique qui permet de tenir compte de nos réalités psychiques. Souvent je le dis, le roman m’est venu parce que j’étais dans la rue et j’avais l’impression, au détour d’un chemin, en voyant un vieux monsieur avec une canne, de revoir mon père. Et je me suis dit, tiens, peut-être qu’il pourrait être là. Il est là, puisque j’ypense. Et qu’est-ce qu’il me dit, qu’est-ce qu’il a à me dire ? Et c’est comme ça que le livre m’est venu, c’est-à-dire dans un deuil où j’avais l’impression que mon père faisait en sorte que je pouvais encore discuter avec lui. Il y a encore une conversation possible avec nos morts, et particulièrement dans les livres. […] Et cette conversation peut être plus apaisée : mon roman m’a permis une sorte de réconciliation avec mon père. »

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