FRANCE CULTURE, « Le Book Club », Marie Richeux, lundi 11 décembre 20023


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Le Book Club reçoit une autrice et une actrice qui embrassent à leur façon la lutte pour le droit à l’IVG. Dans Gisèle Halimi, une farouche liberté, Ariane Ascaride incarne sur scène la célèbre avocate. Martine Van Woerkens nous livre un récit plus intime dans son roman Les Faiseurs d’anges.

Avec Ariane Ascaride, comédienne et Martine Van Woerkens ethnologue et écrivaine

Les deux invitées du Book Club aujourd’hui embrassent à leur façon les luttes féministes de la fin du XXe siècle, en particulier celle du droit à l’IVG. Dans Gisèle Halimi, une farouche liberté, Ariane Ascaride incarne sur scène la célèbre avocate. Le spectacle, mis en scène par Lena Paugam, est en tournée jusqu’au 20 décembre prochain. L’ethnologue spécialiste de l’Inde Martine Von Woerkens nous livre un récit plus intime. Elle publie Les Faiseurs d’anges, son premier roman, aux éditions Sabine Wespieser.

« Oui Messieurs, je suis une avocate qui a transgressé la loi ». Ce sont les premiers mots de la plaidoirie de Gisèle Halimi, jouée par Ariane Ascaride (en duo avec Philippine Pierre-Brossolette), devant le tribunal pour enfants de Bobigny en 1972. Elle défend Marie-Claire Chevallier, accusée d’avoir avorté, et en fait surtout un combat collectif pour toutes les femmes. Elle demande la libéralisation de l’IVG. « C’est une loi qui m’empêche de m’appartenir physiquement. C’est une loi que je n’accepte pas car elle est contraire à ma liberté. » , affirme-t-elle, devant un tribunal composé à majorité d’hommes. Deux ans plus tard, en décembre 1974, la loi Veil sur la dépénalisation de l’IVG sera votée à l’Assemblée. Gisèle Halimi, une farouche liberté, adapté des entretiens de Gisèle Halimi avec Annick Cojean, retrace la vie et les combats de « l’avocate des causes difficiles ».

Dans son premier roman, Les Faiseurs d’anges, Martine Van Woerkens souligne l’importance du procès de Bobigny dans l’évolution de la législation sur l’avortement : « D’un côté, au banc des accusées, quatre femmes, la mère, ses deux amies et l’avorteuse ; de l’autre que des hommes ! Bien astiqués, drapés dans leur dignité naturelle d’hommes, vous voyez, et dépositaires de l’autorité sacrée des juges. (…) Combien de temps encore oserez-vous appliquer la loi aux femmes des milieux populaires alors que vos épouses et vos maitresses se font avorter sans craindre ni de mourir, ni d’être condamnées ? »

Bientôt 50 ans après la loi Veil, que reste-il des combats féministes ? Alors qu’il est désormais question de faire entrer le droit à l’avortement dans la Constitution en France, mais que certains pays remettent en cause ce droit, quel regard portons-nous sur la place des femmes dans la société ? « Il y a une cause des femmes, nous dit Gisèle Halimi. N’ayez pas peur de vous dire féministe. C’est un mot magnifique. C’est un combat valeureux qui n’a jamais versé de sang. C’est un idéal qui permet de voir un monde apaisé où l’avenir des individus n’est pas assujetti à leur genre. Et où la libéralisation des femmes entrainera la libération des hommes, enfin soulagés du diktat de la virilité. »