FRANCE CULTURE, « Le Book Club », Marie Richeux, mercredi 21 février


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Aujourd’hui le Book Club interroge la question de l’emprise en compagnie de l’écrivaine Tiffany Tavernier à l’occasion de la parution de son nouveau roman En vérité Alice.
Au programme de votre Book club aujourd’hui un livre qui entend passer des ténèbres à la lumière. Mais pas si facilement, par percées, par à-coups. Alice est une femme enfermée dans une terrible relation d’emprise, c’est par hasard, s’il en est, qu’elle trouve du travail au bureau du promotorat des causes des saints. Être une sainte, qu’est-ce que c’est ? Aimer sans limite qu’est-ce que ça veut dire ? Se libérer de la violence la plus noire, comment faire ? Tiffany Tavernier publie En vérité, Alice aux éditions Sabine Wespieser, et elle est notre invitée.

Quand la soif d’amour devient l’ennemie de l’amour
« Le personnage d’Alice, c’est quelqu’un qui se raconte une histoire et de ce fait va finir dans un mur et probablement même en mourir. Elle se raconte une fiction et elle s’accroche à son histoire avec la fureur d’un enfant qui veut encore croire à l’amour, qui ne veut absolument pas que ça s’effondre, qui est capable de tous les sacrifices pour que cet amour résiste, pour que cette lumière qu’elle croit vivre existe. Ça me bouleverse, un personnage paumé comme ça. Alice est dans un trouble immense, un roman d’amour, elle s’accroche à une idée de l’amour, à ce qu’elle a construit, et ce qu’elle croit vivre de l’amour. En fait, elle a un appétit incroyable et enfantin, de l’amour. A cet endroit, elle est très pure et elle se fait bousiller par cet homme, à la hauteur à la hauteur de la soif d’amour qu’elle a. C’est terrible parce que, dans son cas, le plus grand ennemi de l’amour, c’est l’amour lui-même. » Tiffany Tavernier

La note vocale
La question de Nicolas@chaque.livre.est.une.fete à Tiffany Tavernier

–  « J’ai adoré vos précédents livres et j’ai été particulièrement enthousiaste à la lecture de celui-ci, mais j’ai également été ému et un peu révolté. Comment faites-vous pour aller chercher l’empathie du lecteur ? Quelle est votre technique pour qu’il prenne position ? »

Tiffany explique sa façon de travailler : « Je travaille l’empathie en enquêtant, en écoutant et en allant chercher le plus intime, car le plus intime est le plus universel. On est tous reliés par la même masse et on se rejoint tous quelque part, mais en même temps on est tous très différents. Cette empathie elle vient du fait que, quand je parle d’emprise, je vais enquêter, écouter des gens, et je rejoins des détails que je vais entendre, traverser et qui vont réapparaître. C’est dans le détail et dans sa précision que l’empathie surgit. »