FRANCE CULTURE, Marie Richeux, lundi 21 janvier 2019


« Par les temps qui courent »

Dans ce roman autobiographique composé de deux narrations entrelacées, l’auteure évoque la mémoire de son père Félix de Récondo, décédé trois ans plus tôt, un artiste dont la jeunesse fut marquée par la guerre civile espagnole et l’exil. Pendant la longue veille précédant sa mort, l’esprit de Félix s’est échappé vers l’Espagne de ses toutes premières années : il y a rejoint l’ombre d’Ernest Hemingway.

Extraits de l’entretien :
« Mettre en mots, c’est prendre avec soi et comprendre. »

« Je savais à la mort de mon père, qu’un texte surviendrait, lui rendant hommage. Je savais aussi qu’il fallait que je parle de lui et des deuils qu’il avait traversés sans savoir comment faire. J’ai mis du temps à trouver la forme, je me suis fracassé de longs mois contre les murs de cette chambre d’hôpital à force d’essayer de commencer, et de ne pas y arriver. Et puis m’est apparue cette alternance, Ernest Hemingway, et cette conversation entre mon père et lui. Quand elle s’est imposée, elle m’a ouvert le champ du possible, parce que rentrait dans ce récit le romanesque, le souffle de la littérature. »

« La poésie c’est la source, c’est le noyau de la littérature. Quand je touche à quelque chose que je ne m’autorise pas tout à fait à décrire crûment, je vais le chercher dans la poésie. »

« Je me suis beaucoup construite en tant qu’adulte, en tant qu’artiste, autour de ces deuils, ils ont été ma force et ma quête de lumière. Ce livre est un livre sur les morts, et la mort de mon père venait clore cette histoire. »

« J’ai gardé les prénoms car je voulais assumer ce texte, que ce soit entremêlé, je voulais tresser le rationnel et le poétique. Le fait de garder les noms m’a semblé très important, il y toujours un moment très fort quand je prénomme mes personnages. »

« Pleurer c’est déjà être consolé, c’est déjà accepter cette tristesse, accepter ce deuil. La première consolation c’est de ne pas être dans le déni de cette souffrance. Pour moi, les moyens de se consoler sont la musique et la littérature. Je me console parce que je comprends et j’écris. Mais maintenant, cette consolation ne m’appartient plus. »