FRANCE INTER, Kathleen Evin, mardi 19 novembre 2013


« L’Humeur vagabonde »

« Dix ans après la fin de la guerre et la proclamation de l’État d’Israël, plus grand monde ne se souvient que la nouvelle ville d’Ashkelon, peuplée d’immigrants rescapés de la Shoah et de familles juives venus du Moyen Orient, s’appelait alors Al Majdal, l’une des cités les plus peuplées de Palestine. Asher, lui, s’en souvient. Avant d’ouvrir un bar dancing sur la plage, il a participé aux combats en 1948 et à l’évacuation forcée des habitants arabes. Ses nuits, parfois, sont agitées de cauchemars. Comme celles des parents d’Esther, deux survivants qui, après avoir perdu leur famille, se sont unis dans un camp de transit pour émigrer vers leur nouvelle patrie. Esther, elle, sent monter en ce dernier été de sa vie d’adolescente sage et pieuse, des envies de rire, d’aimer, d’être regardée, d’avoir des secrets. Deux hommes vont croiser sa route au bar de la plage : Moïse, le transfuge, qui a changé de nom pour faire carrière à Paris, de passage pour l’enterrement de sa mère, et Alex, qui a fui la dictature argentine et la pesante atmosphère familiale.
Amour sur le rivage, de Michal Govrin, qui vient de paraître chez Sabine Wespieser éditeur, est évidemment, comme son titre l’indique, une histoire d’amour, magnifique en l’occurrence. Mais sous le récit incandescent d’une rivalité amoureuse entre deux hommes et une jeune fille, durant un été brûlant, sur la plage d’Ashkelon, Michal Govrin dépeint avec subtilité les rêves des pionniers et leur innocence perdue, la mémoire douloureuse partagée par tous les protagonistes, les fils qui les relient à travers le temps et les pays d’où ils viennent, ainsi que la présence obsédante des absents, morts sans sépulture d’Europe et habitants arabes de cette terre, déplacés vers un ailleurs devenu lourd de menaces. »
Romancière, poète, enseignante et directrice de théâtre à Jérusalem, Michal Govrin est l’invitée de l’Humeur Vagabonde.

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