FRANCE INTER, « L’Humeur vagabonde », Kathleen Evin, samedi 15 août 2020


En mars 2020, parurent « Deuils cannibales et mélancoliques » (2000), le premier texte de Catherine Mavrikakis qui posait déjà les fondations d’un univers littéraire fascinant, où la présence obsessionnelle des fantômes le dispute à une formidable énergie narrative. Ainsi que son nouveau roman, « L’Annexe ».

Anna est agent secret, et, comme son drôle de métier l’exige, elle n’a pas d’attache, pas d’adresse, pas de biens, pas d’amis et une identité changeante. Mais, au mépris des consignes de sécurité, elle a pourtant conservé une habitude : chaque année elle passe plusieurs heures dans L’Annexe, devenue musée, qui fut la cachette d’Anne Franck et de sa famille à Amsterdam. Repérée par ses ennemis, Anna est exfiltrée par son agence et assignée à résidence dans un appartement où elle doit cohabiter avec huit autres personnes, sous la garde d’un geôlier, comme elle fou de littérature, qu’elle baptise Celestino. Avec lui elle va entamer une relation étrange, intense et toxique, rejouant des scènes de leurs livres préférés.

Dans L’Annexe, paru aux éditions Sabine Wespieser, l’écrivaine canadienne Catherine Mavrikakis joue avec virtuosité des codes du roman d’espionnage pour évoquer sa passion de la littérature, et le pouvoir libérateur de l’imaginaire. Transformée par Celestino en Albertine, comme dans La Prisonnière de Proust, Anna la révoltée va expérimenter le vertige de la soumission volontaire jusqu’à consentir à sa disparition. Car la mort est ici omniprésente, comme dans tous les livres de Catherine Mavrikakis. L’Annexe, son cinquième roman paru en France, paraît d’ailleurs en même temps que « Deuils cannibales et mélancoliques » qui est le premier qu’elle avait fait paraître en 2000 au Québec. Ecrit à la première personne, plein de colère et de chagrin, hommage à ses amis morts du sida. Anne Franck y est déjà présente dès les premières lignes

Programmation musicale :
Leonard Cohen – Dance Me to the End of Love

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