JOURNAL DU DIMANCHE, dimanche 4 septembre 2022, coup de cœur de Joëlle Brack, librairie Payot


[…] J’ai trouvé que c’était une révélation d’écriture. Pas de journaliste ce qu’elle est aussi, mais d’écrivain. Il y a une justesse dans le ton, le style, les tournures : du grand art. Sarah Jollien-Fardel aborde le sujet très délicat de la violence familiale, qui va ici jusqu’à l’abus. C’est un sujet qui a été beaucoup traité, mais elle l’envisage avec franchise et force. À un moment du livre, la jeune narratrice est tellement battue par son père qu’ils sont obligés d’appeler le médecin. Celui-ci la soigne mais ne dira rien.
Ce qui pèse en arrière-fond c’est le silence de tout le monde, ce blanc de tous ceux qui n’ont rien fait pour les secourir. On ne peut s’empêcher de se demande si c’est autobiographique, mais je ne le crois pas.
Il y aussi une cohérence et une authenticité à tous les niveaux, et cela jusqu’à la fin puisqu’on s’attend à ce qu’elle pardonne à son père, ce qu’elle ne fera pas. J’ai aimé qu’elle assume ce choix jusqu’au bout, jusqu’à cette fin ouverte.