LA CROIX, Sabine Audrerie, mardi 4 novembre 2014


« N’en déplaise aux esprits confinés de Saint-Germain-des-Prés et à ceux qu’effraierait le métissage littéraire, les jurées du Femina confirment leur intérêt pour une francophonie venue d’horizons lointains en couronnant cette année, après la Camerounaise Leonora Miano en 2013, la romancière haïtienne Yanick Lahens pour son très beau Bain de lune, paru chez l’éditrice inspirée Sabine Wespieser.
Et, à nouveau, n’est pas récompensée une littérature conformiste mais bien un flamboyant grand roman de la terre haïtienne, fruit de plusieurs années de travail, inspiré à l’auteur par l’histoire chaotique de son pays, baignée de multiples spiritualités et meurtrie par les combats politiques. La voix d’une jeune femme, mystérieusement échouée sur la plage après avoir subi de nombreuses violences, y porte les trois générations dont elle est issue, tentant de résoudre l’énigme de son identité. Un ample roman familial que l’on aurait pu qualifier de gothique sous d’autres cieux, où les Lafleur et les Mésidor se disputent de longue date terres, pouvoirs et réputations, et où les hommes ne maîtrisent pas entièrement leurs destins. »