LA MONTAGNE, Pascale Fauriaux, vendredi 14 avril 2023


Une déambulation au fil de l’eau

Avec La Furieuse, Michèle Lesbre explore les rives d’une petite rivière du Doubs pour mieux vagabonder dans les souvenirs, de voyage et de lecture, et surtout d’enfance.

« Ce texte est une échappée », précise Michèle Lesbre, qui cite « l’immense nuage noir » de la pandémie comme l’un des éléments déclencheurs de La Furieuse. Nous avons demandé à Michèle Lesbre de décrypter certains éléments au cœur de ce court récit très attachant.

Lecture

« Pour moi, c’est un peu comme l’air qu’on respire. Je peux me passer d’un tas de choses, mais absolument pas de lire. C’est un miroir de soi, c’est la vie, où l’on peut être à la fois ailleurs, dans d’autres époques et dans l’intime. La lecture et l’écriture sont liées pour moi. Quand j’écris, je continue à lire, c’est une nourriture, un carburant. J’aime des tas d’auteurs, je n’ai pas de modèle. Je passe mon temps à m’émerveiller. J’aime les auteurs qui ont un regard sur le monde ; c’est la musique que j’aime. Pour l’entendre, il me faut de la tranquillité : je lis chez moi ou dans la nature, ou alors dans un café calme le matin. »

Voyage

« Les voyages ont eu beaucoup d’importance dans ma vie. Mais je ne suis pas une aventurière ! Il s’agit de curiosité, de s’appréhender soi-même dans un ailleurs. C’est le désir, c’est le moteur de la vie. »

Eau

« Je ne suis pas comme Chantal Thomas, je nage mal. Mais j’aime beaucoup les plans d’eau. Et encore plus marcher au bord des rivières, des fleuves. À Paris (où elle vit N.D.L.R), je vais sur les quais de Seine. J’aime ce mouvement permanent, un peu mystérieux. C’est un spectacle, c’est le départ. C’est la vie, l’eau… »

Maison

« Je déteste le sentiment de propriété, mais ce n’est pas politique. C’est le définitif qui me fait peur. J’aime savoir que l’on peut partir du jour au lendemain, l’idée de passage. On est tous des passants. »

Écriture

« C’est une improvisation à chaque fois. Pour La Furieuse, l’écriture était très facile, fluide. Il s’agissait de retrouver un peu de sérénité. Tout ce que j’avais emmagasiné se mettait en place. Quand j’ai une idée, je la laisse mûrir. J’ai la patience du jardinier ; j’attends que les choses viennent. Mais je n’ai pas de méthode, ni de manie. C’est une aventure à chaque fois, et j’aime ça. Il ne faut jamais être sûr de soi, c’est dangereux, pas seulement pour l’écriture, mais dans la vie en général. »

Italie

« J’ai un lien très fort avec ce pays. C’est comme quand on tombe amoureux, on ne sait pas pourquoi… Il y a la sensualité incroyable de la langue, qui est pour moi la plus belle langue au monde. J’aime beaucoup le cinéma italien, de très nombreux auteurs aussi. C’est un pays magnifique, malgré tous les reproches qu’il y a à faire. »

Enfance

« La Furieuse est un appel au secours à l’enfance, loin du bruit et de la fureur. Elle est toujours là. Ce n’est pas une étape dans la vie, mais tout est toujours là. L’enfance occupe une place un peu différente selon les moments de la vie. C’est du passé perpétuellement présent. »