LA VIE, Hélène Rochette, jeudi 4 septembre 2014


« C’est l’histoire d’un père fantasque : il s’appelait Vassili Papadopoulos et savait compenser sa chétivité par une étourdissante loquacité. Dans les yeux de sa fille aînée, il possédait les traits d’Omar Sharif, la prodigalité de Sinbad le marin et la bonne fortune d’Ali Baba… Séducteur insatiable, il n’allait pas tarder à fausser compagnie à sa femme et à ses enfants.

On sourit et on s’émeut, au rythme de souvenirs empreints d’amour filial. D’une escapade harassante de trois jours à bord d’une Buick turquoise, pour réveillonner en Floride, aux résurgences fantomatiques du pater familias disparu, la narratrice tisse le canevas d’une existence fantasmée.

En écho à ce paternel natif de Rhodes, grandi à Alger puis exilé en Amérique, et qui avait une propension à l’inventivité, sa descendance se joue de la véracité… On pressent que Catherine Mavrikakis, née elle aussi d’un père grec, a prêté à son héroïne quelques réminiscences. Le sel de ce récit poétique ne réside cependant pas dans son aspect autobiographique, mais dans son écriture prompte, fluide et précise. Et dans sa façon de faire émerger, par les songes, les éclats d’une identité cosmopolite et disloquée. »