LE DEVOIR, Gilles Archambault, samedi 23 et dimanche 24 novembre 2013


« Une saison dans la vie de Michel-Ange »

« Vous arrive-t-il de douter des vertus de la littérature ? Si tel est votre cas, sachez que le hasard m’a mis en présence d’un court roman qui devrait vous remémorer d’anciens éblouissements de lecture. Un ami m’a tendu, l’autre jour, un petit livre en me disant qu’il était peut-être fait pour moi. Il avait vu juste. […]

Si vous êtes comme moi, vous ne prisez pas outre mesure les romans qui prennent pour personnages des figures historiques, qu’elles relèvent de la littérature, de la musique ou des beaux-arts. Ce qui fait la valeur de cette évocation de Michel-Ange, c’est qu’elle nous parvient soutenue par un style dépouillé, pudique. La phrase est souvent nue, dépourvue d’épithètes. La romancière ne sent pas le besoin de recréer une époque. Son Michel-Ange est notre contemporain. Sa sensibilité, proche de la nôtre.

Léonor de Récondo sait parler de l’art, de son élaboration dans une conscience, de sa fulgurance et des efforts qu’il exige. Mais, on le sait, on ne peut évoquer les grandes réalisations de l’esprit humain que si l’on parvient du même souffle à traiter de l’amour, de l’amitié, de la vie, de la mort. […] Michel-Ange comprendra enfin que le marbre lui permet de s’épancher lui aussi, de renouer avec ses souvenirs, son être même. Le marbre, c’est son vocabulaire. À lui de le rendre chair. […]

Méditation sur la création artistique servie par un style économe, maîtrisé, mais qui ne manque certes pas de richesse ni de poésie, Pietra viva est un roman qui incite à rechercher les deux livres précédents de la romancière. Est-il d’intérêt public de dire que mon ami les a déjà commandés ? »