LE JOURNAL DU DIMANCHE, Laëtitia Favro, dimanche 9 février 2014


« Les liens du sang »

« Après La Mer Noire, roman des origines géorgiennes, et Les Séparées, sur l’amitié féminine, Kéthévane Davrichewy dissèque avec délicatesse et habileté les liens complexes d’une fratrie hantée par un passé familial douloureux.

Roman choral parsemé de nombreux dialogues en appelant à l’écriture théâtrale, Quatre murs n’a rien de la grandiloquence des sagas dynastiques : chacun des protagonistes capte de manière insidieuse l’attention du lecteur sans pour autant lui révéler tout de sa vérité, le contraignant à reconstituer pièce après pièce le drame qui se joue sous ses yeux. Quel besoin avons-nous de rester en contact ? Couper, est-ce possible ? Sans aller jusqu’à revisiter le célèbre adage gidien, l’auteur interroge le délitement propre aux relations frères-sœurs, et la perte plus ou moins bien vécue de l’innocence. Elle dit notre besoin d’indépendance et d’être choyés par ceux avec lesquels nous avons grandi, la jalousie inhérente aux liens du sang, le refus de laisser l’autre lui échapper aussi bien que de s’insinuer dans sa propre existence. Grandir, devenir soi, sans se perdre de vue ni laisser les silences s’installer : autant de sentiments parfaitement mis en scène dans ce beau roman. »