LE JOURNAL DU DIMANCHE, Marie-Laure Delorme, dimanche 10 mars 2013


« Edna O’Brien, une vie sur la braise »

« L’auteure des Filles de la campagne est une grande romancière irlandaise. Ses Mémoires, commencés à 78 ans, retracent une existence pleine et libre. […] [Edna O’Brien] a brisé tour à tour l’enfermement de son enfance, de son couple, de son pays, par son instinct de survie. C’est la force de ces souvenirs. On passe d’une maison du fond de l’Irlande rurale à une suite du Wyndham Hotel de New York. C’est toujours la même femme : marchant sur la braise. […] Son œuvre porte la trace de chacun de ses combats. Elle décrit longuement les paysages irlandais, elle évoque sans tabou la sexualité féminine, elle analyse au cordeau les sentiments amoureux. […]
Elle est dolce vita et Swinging London. Elle est chapeau melon et bottes de cuir. Fille de la campagne traverse les milieux, les époques, les sentiments. Edna O’Brien se penche sur les moments où elle n’en pouvait plus et sur les moments où elle en voulait encore. Son incroyable instinct de survie. Elle a eu envie de mourir ; elle a eu envie de vivre. Le goût de la liberté est le fil continu d’une vie cousue de plusieurs morceaux disparates. Fille de la campagne commence par le décès de sa mère en mars 1967. Retours incessants entre hier et aujourd’hui. Elle remercie, à la fin des Mémoires, les morts et les vivants. Elle est une fille de la terre. »