LE MAGAZINE LITTÉRAIRE, Aliette Armel, juin 2014


« Images légendées »

« Dans son autoportrait d’une photographe, […] Françoise Huguier fait le récit passionné et passionnant des éléments marquants d’une existence qui se décline comme un roman d’aventures. Fille de colons au Viêtnam, elle est enlevée à l’âge de 8 ans par le Viêt-minh et retenue en otage pendant sept mois. Elle saisit ensuite toutes les opportunités pour vivre avec intensité. Elle répond toujours à l’appel des situations extrêmes pour la photo et pour le grand frisson : reportages au bout du monde (Philippines, Japon, Afrique sur les traces de Michel Leiris, Sibérie), et elle cherche les sujets favorisant l’immersion dans des communautés fermées comme celle des love hotels au Japon ou les appartements communautaires à Saint-Pétersbourg et d’entrer dans l’intimité des femmes au Burkina Faso et au Mali ou des religieuses en Colombie. Pendant les années 80, elle s’est battue pour être des plus grands défilés de mode (Miyake, Mugler, Saint Laurent, Lacroix) et y faire les photographies qui comptent dans cette période de particulière créativité. Avec une énergie étonnante, elle provoque sans cesse la chance qui lui permet d’outrepasser les interdits devant lesquels les autres s’arrêtent. Son don pour les cadrages, sa science des temps de pose font le reste : son œuvre s’impose, sous forme de livres publiés aux éditions Maeght ou Actes Sud, et s’expose, comme du 4 juin au 31 août à la Maison européenne de la photographie (Paris). Pour elle la reconnaissance de l’acte photographique est un combat qu’elle mène aussi à l’étranger, dans la rencontre et le partage avec les photographes des autres continents : Laos, Bamako (Mali), où elle a créé une biennale avant d’organiser l’exposition Bamako photo in Paris. »