LE MAGAZINE LITTÉRAIRE, Camille Thomine, septembre 2016, Fraternels


« Romans post-apocalyptiques »

« À la circonstance pandémique, Vincent Borel préfère une combinaison de sinistres climatique, électrique, sanitaire et technologique. Ouvert sur l’esplanade de la Défense […], le livre se poursuit à Cuzco, soudain transfiguré par une rafale de neige, d’accordéons et de chants quechuas. Un grand écart de ton, lieu et temps qui annonce l’ébourrifant rythme du livre tout entier, mené tambour battant de Marseille à l’Hindou Kouch et des légendes chamanes à la mythologie geek. Dans un monde divisé par une deuxième guerre froide, où les Asiatiques se gavent de terres lunaires tandis que le géant « Opié » lance simultanément son propre Soleil et l’Ifon 12 (directement connecté aux nerfs humains), les fanatismes de tous bords briguent le devant de la scène. Mais, à la figure du président-directeur d’Opié – prêtre raté reconverti en pape de la mise à pied – s’oppose heureusement celle du tendre Yaqut, fils de communistes devenu un célèbre imam gay, prêchant pour un djihad aphrodisiaque contre la « mygale » du Califat noir. […] C’est en tout cas une même confiance en la fiction qui habite l’œuvre de Vincent Borel […]. Puisqu’un avenir aussi désastreux est par définition impensable, donnons-nous-en à cœur joie : inconcevable pour inconcevable, l’écrivain se jette dans tous les possibles, tous les rebondissements et toutes les géographies, accumulant les personnages de toutes origines et confessions […] pour jubiler jusqu’à plus soif de cette cour de jeu renouvelée. […] »