LE MONDE DES LIVRES, Zoé Courtois, vendredi 2 juillet 2021


« […] L’Absente de tous bouquets, livre étonnant et beau, en forme, justement, de bouquet. Un petit bijou de sensibilité qui n’a pourtant rien de fleur bleue […]. Catherine Mavrikakis écrit sans rougir la tyrannie d’une mère qui a malgré tout été l’amour de sa vie et explore avec pertinence et courage l’ambivalence des attachements familiaux. […]
Drôle de composition florale, mais si hétéroclite soit-elle, elle fonctionne à merveille. Surtout, parler d’art du recueil semble rarement aussi juste que dans ce récit où, précisément, le geste de collecte des souvenirs se double du moment de recueillement du deuil.

[…] Catherine Mavrikakis excelle à arranger ses propres marottes d’écriture […] avec les tropismes de ses maîtres. Au premier rang de ceux-ci, Stéphane Mallarmé (1842-1898). Pour écrire le tombeau de Denise Mavrikakis, l’écrivaine emprunte à l’auteur de Crise de vers sa périphrase l’absente de tous bouquets. Il désignait par là la notion abstraite de fleur (idée même et suave, écrit-il) ; elle en fait le cadre du portrait d’une mère qui lui a toujours un peu échappé.
À côté des fleurs coupées, pourtant, quelque chose bourgeonne encore. L’absente, si dévorante demeure-t-elle, ne prend pas tout à fait toute la place et la mort n’enténèbre pas entièrement l’esprit du personnage Catherine Mavrikakis. Ce qui se joue aussi dans ce livre intime et sincère, c’est dire combien l’écriture est une analyse qui permet aux esseulés de vivre avec leurs morts. On lit alors L’Absente de tous bouquets comme un jardin intérieur où s’esquisse, avec pudeur mais fermeté, la possibilité d’une ode à la reverdie après la cendre. »

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