LE NOUVELLISTE, Jean-François Albelda, mardi 23 août 2022


Une Valaisienne met en émoi le monde littéraire.
Pour son premier roman, l’auteure valaisanne Sarah Jollien-Fardel frappe fort. La presse française salue cet ouvrage sans concession qui est déjà en lice pour plusieurs prix littéraires.

L’émotion est encore vive quand elle se souvient de coup de fil, « Me feriez-vous l’honneur de signer chez moi ? » demandait à Sarah Jollien-Fardel l’éditrice parisienne Sabine Wespieser.
« Je suis un peu comme mon héroïne Jeanne, je ne pleure jamais, mais là, j’en ai sangloté de bonheur. » Il faut dire que les éditions Sabine Wespieser sont une petite structure réputée et très sélective. Comme c’est le cas en général dans l’édition, sur quelques 3 000 tapuscrits reçus, seuls un passe la rampe. […]

Cet emballement, Sarah Jollien-Fardel ne se l’explique pas, ne s’y attendait pas. En plus, j’étais un peu échaudée par mes précédentes mésaventures avec le monde de l’édition. « Je me rends compte que ce thème de la violence est partout, non seulement dans les gestes brutaux du père, mais aussi dans les mots, dans les rapports de pouvoir… Certainement que ça a dû résonner auprès de celles et ceux qui l’ont lu » réfléchit-elle.

L’inouïe pesanteur de la violence
La violence, en effet, est au cœur de Sa préférée, à travers le personnage de Louis, père abusif, aussi toxique qu’intoxiqué, imbibé de mauvais alcool. Sarah Jollien-Fardel raconte l’intranquillité constante de Jeanne, de sa grande sœur Emma, de sa maman Claire, la peur au ventre, l’attention constamment en éveil, guettant les signes même les plus ténus du déchaînement à venir, les coups qui pleuvent, les traces qu’ils laissent sur le corps et l’âme. En miroir à l’histoire, la langue est volontairement rêche, sans envolées ni joliesses, ponctuée concise, définitive, qui coupe le souffle.

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