LE TÉLÉGRAMME, Stéphane Bugat, dimanche 13 septembre 2020


Note : 4,5/5

« L’immigration. Voilà bien un sujet délicat à aborder. Entre les bons sentiments à peu de frais et l’obscurantisme ferme et net, chacun peut trouver à enfermer sa propre vérité. Pour éviter ce piège, Christine de Mazières choisit la fiction.
Nous sommes en 2015. Des vagues d’hommes, de femmes et d’enfants, venant de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Érythrée, etc. déferlent sur l’Europe.
La voie méditerranéenne a déjà fait de nombreuses victimes. Nombre d’entre eux tentent un passage par des pays où ils ne sont pas les bienvenus, qu’il s’agisse de la Hongrie, de la Bulgarie etc. C’est de l’Allemagne dont ils rêvent.

Partant de ce contexte, l’auteure a choisi de raconter comment cela se traduit pour ceux qui furent les plus directement concernés. Il ne fait pas de doute qu’elle sait ce qu’il en fut de leurs situations. Ainsi, la force de son récit choral, c’est qu’il est conçu de telle manière qu’il nous fait accompagner chacun des protagonistes, partager ses épreuves, sans qu’il nous vienne jamais à l’esprit de les juger.
Qu’il s’agisse d’Asma qui périt dans un immonde transport, de Tamim qui perd tous ses compagnons en chemin… L’auteure écrit simple et juste. Sous sa plume ni pathos, ni savante démonstration. Elle n’expose pas de point de vue sur les enjeux à la fois sociologiques et géopolitiques de l’immigration. Mais elle rappelle que ceux qui sont concernent nous ressemblent singulièrement, tout enfermés qu’ils soient dans un insupportable malheur.
Ce roman ne se contente pas d’être bouleversant, il nous incite à réfléchir. »