LES INROCKS – CHEEK, entretien avec Camille Froidevaux-Metterie par Faustine Kopiejwski, jeudi 5 janvier 2023


La philosophe et chercheuse Camille Froidevaux-Metterie fait une entrée remarquée en littérature avec Pleine et douce, un roman choral et charnel.

Depuis 2015 et la parution de La Révolution du féminin, la philosophe et chercheuse Camille Froidevaux-Metterie a fait de la corporéité féminine son sujet de prédilection. Un thème qu’elle explorait jusqu’ici dans des essais devenus indispensables à la compréhension des mouvements féministes de notre temps (Le Corps des femmes: la bataille de l’intime, 2018, Seins : en quête d’une libération, 2020, Un corps à soi, 2021). Avec Pleine et douce (Ed. Sabine Wespieser), premier roman de sa vie d’écrivaine, Camille Froidevaux-Metterie prend ses distances avec la théorie pour embrasser une littérature intime et charnelle, dans un texte choral où une constellation de femmes que tout relie et sépare à la fois – du bébé fille à la femme vieille –, expriment au grand jour leurs désirs, leurs craintes ou leurs espoirs, autant que la réalité de leur chair. Infiltrée dans leur conscience et sous leur épiderme, l’écrivaine propose une expérience incarnée et aborde au passage un nombre de sujets féministes conséquent, en même temps qu’elle tisse une réflexion profonde sur la transmission.

On te connaît en tant que philosophe, chercheuse et essayiste. Quel est ton rapport à la littérature ?
Camille Froidevaux-Metterie – Il a beaucoup évolué avec le temps. Depuis que je sais lire, il ne se passe pas un jour sans un roman. Dans ma jeunesse, j’ai été obsédée par la lecture des classiques. Je procédais par nationalité, j’avais une phase allemande puis russe, et je rejetais globalement la littérature contemporaine. Je n’en lis que depuis une petite dizaine d’années. Mais, depuis toujours, les livres qui m’ont le plus touchée sont ceux qui ont été écrits par des femmes. Il y a les grandes figures, Virginia Woolf et Sylvia Plath, mais aussi des autrices d’aujourd’hui comme Nastassja Martin et Mariette Navarro, ou l’Américaine Jean Hegland et l’Argentine Camila Sosa Villada. La littérature est au cœur de ma vie, en tant que lectrice d’abord, et depuis peu en tant qu’autrice. En pensant au dernier tiers de mon existence que j’entame, j’ai cette énorme consolation de me dire que je ne m’arrêterai jamais de lire des romans […]

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