LIBRAIRIE MOLLAT, Bordeaux ET SABINE WESPIESER ÉDITEUR


Robert Seethaler vous présente son ouvrage Une vie entière aux éditions Sabine Wespieser. Traduit de l’allemand (Autriche) par Élisabeth Landes. Rentrée littéraire automne 2015.

« C’est l’histoire d’Andreas Egger, un homme simple qui vit dans les montagnes. Le livre s’intitule Une vie entière. C’est cette vie qui va nous être racontée presque en entier ; ça commence à peu près quand il a quatre ans, personne ne sait exactement, et j’ai essayé de raconter cette vie en une suite de coups de projecteurs jusqu’à sa mort. Ce n’est pas très spectaculaire, mais c’est comme n’importe quelle vie. […]

L’intention que j’avais en écrivant ce livre était qu’il ne devait pas s’adresser à l’intellect du lecteur, mais toucher son cœur. […] Ce n’est pas possible de raconter véritablement une vie entière. On peut à la rigueur aligner l’un après l’autre des moments biographiques. Mais il s’agit avant tout de rendre compte d’une vie de façon intuitive, de choisir les bons moments, un peu comme un peintre – on ne peut pas peindre le monde dans son intégralité. […] Ce qui touche, c’est le regard en arrière : dans le regard rétrospectif, la vie se réduit. […] Dans le regard des personnes âgées, la vie se ratatine, et ces événements qui semblent si dramatiques, cet amour immense, eux aussi se ratatinent, les choses s’égalisent ; on regarde en arrière, et on ne voit que l’immense plaine de la vie. […] Les petits événements côtoient les grands. […]

Quand on m’interroge sur la genèse d’un de mes livres, en tout cas c’est comme ça pour moi, je ne parviens pas à l’identifier comme ça… Il n’y a pas d’origine, pas de source, ce qui supposerait que l’esprit s’épanche, mais j’ai au contraire le sentiment que les histoires fictionnelles, comme les histoires de vie, coulent d’une multiplicité de sources, comme un fleuve qui devient toujours plus large et trouve son énergie dans la multiplicité de ses sources. […]

Les montagnes sont là, et agitent leur toute-puissance, dans l’arrière-plan. J’ai toujours gardé dans mon cœur ce pressentiment de la majesté des montagnes. La montagne n’est pas seulement belle, elle est terrifiante. Sa beauté s’allie à l’effroi qu’elle provoque, pour produire sa puissante majesté.

Le secret, c’est qu’il n’y a pas de secret. Je n’essaie pas d’écrire de façon poétique. C’est juste que je vois des images. Comme dans un scénario, je vois la vie de cet Andreas défiler lentement devant mes yeux, et puis j’essaie d’écrire ces images de la manière la plus précise possible. C’est tout. »