LIBRAIRIE PAGE 36, Gisors, août 2019


« Roman de quelle réalité ? »

« Trois destins féminins dans l’exil. Celui de Chochana, Nigériane. Celui de Semhar, Érythréenne. Celui de Dima, Syrienne.

Ces trois femmes ont longuement pensé, échafaudé, organisé leur exode vers un ailleurs pour échapper à leur terre natale, baignée de sang, de dictature, ou de sécheresse.

Trois femmes dont l’histoire à traverser la mer Méditerranée – ce mur – les lient les unes aux autres, des circonstances.

Traversée faite de soumission, de violences latentes ou surgissantes, de deuils, de disparitions.
Traversée confrontées à la mort ; celle des autres, celle de proches aussi, en tentant d’y échapper elles-mêmes.
Traversée comme ne plus pouvoir rien faire qu’attendre qu’elle se termine d’une façon ou d’une autre.
Traversée comme se confronter à soi-même, aux autres, en œuvrant vers un avenir de tenter de tenir et survivre.

De cette lecture, on vit le périple de chacune.

On saisit l’humanité, la ténacité, la souffrance au-delà de ce qu’on peut imaginer de seulement tenter d’imaginer.

De s’informer, on sait les clandestins, les naufrages, les morts perçus comme masse d’êtres sans visages et sans noms qui sombre dans la mer.

On sait ceux qui débarquent sur les côtes européennes, l’accueil qu’on leur réserve fait d’attente, de démarches administratives longues, voire de refoulements.

Par cet ouvrage, on lit trois destins, on découvre trois femmes dont on voudrait qu’elles s’en sortent, parmi d’autres évoqués dont on sait qu’ils disparaissent, meurent sans en connaître vraiment les circonstances. On ne fait que supposer. On se trouve témoins directs.

Ce roman enjoint à voir, à savoir, à poser son regard sur les faits, sur les citoyens du monde d’où qu’ils viennent, où qu’ils aillent.

Une écriture vive, qui sonne juste. Une écriture dense, sans fioritures qui donne à percevoir les êtres et leur traversée de l’intérieur.

Ce roman inspiré du sauvetage d’un bateau de clandestins par un pétrolier danois en 2014, confronte le lecteur à ce qu’il ne savait pas, à ce qu’il n’osait pas imaginer peut-être. »