LIRE, Hubert Artus, septembre 2014


« Haïti touche »

« La Haïtienne revient avec un roman politique, mais aussi très poétique, sur l’histoire de l’île contée à travers trois générations, et donne la parole aux paysans dans ce livre magistral.

Tout est souvent en état de tremblement permanent chez Yanick Lahens : désir, amour, réussite, reconstruction, héritages. Comme tous les écrivains haïtiens, le séisme de janvier 2010 généra chez elle une urgence de fictions : Failles (2010) et Guillaume et Nathalie (2013), parus chez Sabine Wespieser, comme ce dernier-né. Lequel, tout en convoquant de nouveau un certain érotisme toujours diffus, hausse le niveau. Bain de lune commence sur le rivage. Une femme est là, échouée depuis trois jours, étendue aux pieds d’un homme qu’elle ne connaît pas. Qui est-elle ? Pour le savoir, il faudra plonger dans ces 260 pages qui racontent l’histoire d’Anse Bleue, village de pêcheurs haïtiens, fictif, et de deux familles aux vies entremêlées, les Lafleur et les Mésidor. […] Ce roman l’emporte car il s’en remet aux voix des paysans, qui eux-mêmes ne s’en remettent qu’à leurs terres et aux divinités. Une voix collective nous en raconte toute l’histoire, et épouse idéalement la voix de cette femme du rivage. Pour savoir qui elle est, il nous faudra connaître ce qu’il advint des trois générations dont il est ici question. Roman familial, roman insulaire, roman politique, Bain de lune est un espace de fiction où terre et mer se confondent, et où tout gronde. »