LIRE, Josyane Savigneau, février 2019


« Certains l’aiment Jo : À la vie à la mort »

« […] Ce sont des livres de vie, dont on sort comme apaisé.

Léonor de Récondo se souvient de cette nuit du 24 au 25 mars 2015, quand sa mère et elle ont accompagné Félix, son père, « vers la mort ». Une nuit interminable dans la chambre 508 de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Comme toujours, l’écriture de Léonor de Récondo est délicate, précise, sans effet superflu. Si cette chronique d’une mort annoncée n’est pas pesante, ni éprouvante pour le lecteur, c’est parce qu’elle alterne deux récits : celui de la nuit à l’hôpital et les retrouvailles de Félix avec son vieil ami « Ernesto » (Hemingway). Que leur conversation soit un rêve, un délire, une invention de la narratrice, peu importe. On est avec eux à « Gernika », près de l’arbre […].

Dans ce lit se joue le dernier acte d’une existence marquée par les deuils – la mort tragique de trois jeunes gens, les fille et fils de Félix – et par une descente aux enfers, la maladie d’Alzheimer. Si Félix ne sait pas pourquoi il retrouve Ernesto, qu’il n’a « vu qu’en de très rares occasions », le lecteur, lui, comprend qu’il est là pour alléger cette nuit et donner à son ami une mort plus douce. »