LIVRES HEBDO, Véronique Rossignol, vendredi 13 septembre 2013


« Perles »

« La voix de Marie Richeux, tous les jours de la semaine au mitan de l’après-midi, enveloppe les auditeurs de France Culture. C’est une voix avec des cailloux de rivière dedans, une rumeur d’enfance dans le grain, jeune et douce. Pas la peine de crier, leur assure la voix qui entame sa quatrième saison à la barre de cette émission en direct dans laquelle elle développe ses Polaroïds, des micro-histoires, virgules dansées, cartes postales sonores, instantanés moins pris sur le vif que pris sur le temps, failles minuscules dans l’espace-temps. […] Le philosophe [Georges Didi-Huberman] préface ce recueil où Sabine Wespieser a retenu une soixantaine d’images parmi les centaines lues à l’antenne. Dans ce passage des mots dits aux mots écrits, il reste quelque chose de l’oralité. À moins que ce ne soit l’écho de la voix ? Les Polaroïds sont datés mais n’ont pas de titres. Certains font un point parfaitement net et d’autres sont flous. Des thèmes ? Un sujet ? Il y a des gens et des choses. Il y a des il, elle, et quelques je. Des Carmen, des Cary, des Kojak. Des mères et des fils. Des renards et des cerfs. Des peaux rougies. Des formes et des gestes pris dans un rai de lumière, comme dit le préfacier. Il faut citer pour faire entendre. Quand il fait jour, c’est jaune et brun. Quand il fait nuit, c’est de la nuit. Découpée en feuilles. Découpée en arbres. Découpée en silence. C’est à peine plus lourd que du vent. Écoutez-la voir. Lisez-la regarder. Marie Richeux n’a pas 30 ans… »