L’OBS, 22 février 2022


TRIBUNE. Le romancier mauritanien Mbarek Beyrouk participe à la première édition du salon Livres d’ailleurs, qui met en avant la création africaine contemporaine, du 4 au 6 mars à Nancy. A cette occasion, il a écrit ce texte en défense des Sahariens.

Contrairement aux idées reçues, le désert n’est pas désert. Le Sahara au milieu de ses douze millions de kilomètres carrés de regs et de dunes abrite des populations diverses, des cultures, des parlers, des musiques, des vies foisonnantes, des paysages changeants, des campements, des puits, des oasis, toute une vie dispersée dans un paysage éclaté mais qui se sait unique. Certes « il n’y a pas d’embouteillages dans le désert » mais pourtant chaque dune, chaque puits, chaque mont porte un nom, une histoire, la marque invisible d’une tribu, chaque arpent de sable est inscrit sur la carte des mémoires, des musiques, des poésies, des contes. Les Sahariens ne se sentent pas vivre dans un espace du vide, dans leurs esprits, dans leurs histoires, le chemin est tracé, les routes sont balisées par les habitudes de l’errance, par les récits, les expériences, par la poésie des lieux. Chaque tribu connaît son espace de pâturage, celui des autres, et l’entrelacement des solidarités, des cousinages, des traités, donnent liberté de mouvement aux caravanes, aux nomades solitaires, aux clans.

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