L’ORIENT-LE JOUR, Fifi Abou Dib, jeudi 6 janvier 2022


Comment écrire, après Proust, sur la mémoire involontaire ? Archéologue née dans une famille de gens de lettres, Dima Abdallah signe avec Bleu nuit (sans tiret) un deuxième roman d’une beauté bouleversante.

Dès les premières pages, on assiste au violent passage à l’acte du narrateur qui va littéralement larguer les amarres. Il récure son appartement, met en ordre les robes de sa compagne, Alma, dont il vient d’apprendre le décès, il donne l’impression de réorganiser sa propre vie, mais non. Il sort après une période de réclusion, il quitte son travail, jette sa clé dans le caniveau et part sans se retourner. SDF d’un genre atypique, puisqu’il a de quoi vivre pour un certain temps et refuse de céder au manque d’hygiène, ce qui réclame toute une organisation en soi, il va demander à la rue l’oubli dont sa maison le prive, une mémoire vierge qui lui permette de renaître, ou du moins de parvenir à poursuivre sa vie différemment […]

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