Coup de cœur de la librairie MOLLAT (Bordeaux)


« Une mauvaise herbe, appelée également « adventice », désigne une plante qui pousse dans un endroit sans y avoir été intentionnellement installée. Ici, les mauvaises herbes prennent l’apparence des marginaux, des inadaptés à notre société à l’image de cette jeune fille et de son père. « Je me fais l’impression d’un cube qu’on essaye de faire entrer dans un moule rond et étroit. On a beau tourner le cube dans tous les sens, ça n’entrera pas, on a beau en limer même un peu les coins pour les arrondir, ça reste un cube. » (p.66) Ils parleront à tour de rôle dans ce roman polyphonique, fortement inspirée de l’histoire personnelle de l’auteure. À l’heure où le Liban est en guerre, la petite fille attend son père. Elle est à l’école, au milieu des bruits de tirs plus ou moins lointains, des cris et des larmes de ses camarades. Elle, elle n’a pas peur. Jamais. Son « géant » viendra comme chaque jour la chercher, elle le sait. Et pour lui, elle sera forte. Sa petite main dans la sienne, dont elle connaît par cœur les aspérités, ils sont plus forts que tout, que tous. Lui tente de donner le change avec humour et cette passion des plantes qui les unit, petit paradis vert reconstruit à chaque déménagement, chaque fuite. À ses 12 ans, elle quitte le Liban pour Paris, accompagnée de sa mère et de son petit frère dans l’espoir d’une vie meilleure. Le père, reste seul au pays, incapable de partir. Loin l’un de l’autre, le dialogue est difficile, restent alors la nature et cet amour partagé des plantes. Chacun s’éloigne dans son propre monde, ne voulant pas partager les éventuelles difficultés de la vie pour ne pas toucher l’autre et le rendre plus fragile. Se pose la question de qui protège qui ? Histoire d’une enfance trop vite écourtée et de la douleur que provoque l’exil, Mauvaises herbes est aussi et surtout une magnifique histoire d’amour et une merveilleuse découverte de cette rentrée 2020. » Alicia Honoré