POINT DE VUE, Valérie Trierweiler, Paris Match, jeudi 19 juin 2014


« Françoise Huguier en pleine lumière »

« Alors que deux expositions célèbrent son travail, la photographe voyageuse révèle ses secrets dans une autobiographie.
Vous publiez un livre sur votre vie de photographe et, au même moment, vous exposez votre travail à la Mep et à la Polka Galerie. Aviez-vous besoin de cette reconnaissance ?
Oui, il y a de cela. C’est aussi une question de calendrier ; monter une grande exposition prend deux ou trois ans. Cela donne du poids, il y a très peu de femmes photographes reconnues, c’était important pour moi. Les gens connaissent mes photos, mais cela me permettra d’avoir une voix et d’être écoutée. Le livre explique mon itinéraire.
Vous avez approché beaucoup de domaines : le photoreportage, la mode, le portrait. Certains vous reprochent de vous être éparpillée…
Je ne voulais pas être cataloguée, j’ai eu un parcours sinueux, c’est vrai. On a donc du mal à me situer. Grâce à cette exposition, on voit ma personnalité. […]
L’Afrique a été une révélation pour vous. Que vous a apporté ce continent ?
J’ai passé une longue période au Japon. J’y ai appris à cadrer et décadrer. En photo, on vous explique qu’il faut avoir un style. J’ai réfléchi là-bas à ce que je voulais dire par mon travail. À mon retour, j’ai traversé une crise existentielle, j’ai eu une opportunité pour partir en Afrique. J’ai tout découvert, y compris la musique, le rythme, ça a été un choc. Il m’a fallu réapprendre un cadrage. Je suis retournée sur les traces de Michel Leiris. Ce continent m’a révélé toute cette connaissance de l’homme. Les Africains ont cette qualité pour juger l’autre, le regarder avant toute discussion. J’ai appris le respect de l’autre, la curiosité des gens. Et enfin, cette dérision face à la vie. »

Propos recueillis par Valérie Trierweiler