SUD-OUEST DIMANCHE, Alexandre Fillon, dimanche 3 janvier 2016


« Les camarades »

« Même prénom, presque frères, les destins de deux Géorgiens.
Des Joseph, on en trouve deux dans le nouveau roman de Kéthévane Davrichewy. Le premier, personne ne l’a jamais oublié. Joseph Djougachvili, dit Staline, était appelé « Sosso » quand il était gamin. Le second, un certain Joseph Davrichachvili, ou Davrichewy, un fils de préfet, s’avère être l’arrière-grand-père paternel de l’auteur de La Mer Noire et de Quatre murs.
Les deux Joseph ont vu le jour à quelques rues de distance. À Gori, en Géorgie, à la fin du XIXe siècle. La rumeur voudrait qu’ils soient demi-frères. Gamins, ils se ressemblent, jouent aux osselets, se bagarrent, traînent dans les rues, partagent un mégot ramassé par terre. Sosso est un peu brutal, un peu voyou. Joseph, lui, se montre plus raffiné.
Le futur révolutionnaire et Petit Père des peuples hésite d’abord à devenir moine ou brigand, avant d’entrer au séminaire et de suivre la voie que l’on sait. Davrichachvili, lui, sera tour à tour pilleur de banques, bandit, agent secret ou même le premier aviateur géorgien…
Avec l’art de conteuse qu’on lui connaît, Kéthévane Davrichewy raconte aussi ici comment elle en est venue à plonger dans les méandres de son histoire familiale. Comment est finalement né L’Autre Joseph. Un roman vrai qui croise habilement la grande histoire. Une enquête aussi passionnante qu’incarnée. »