TÉLÉRAMA, Michel Abescat, mercredi 5 avril 2017


« En exergue de son livre sur Victor Dojlida, résistant, déporté, emprisonné l’essentiel de sa vie pour avoir refusé que ceux qui l’avaient livré à la Gestapo puissent continuer de vivre normalement, Michèle Lesbre avait placé cette citation du philosophe Vladimir Jankélévitch : Les morts dépendent entièrement de notre fidélité. Et c’est par fidélité qu’elle adresse cette lettre à sa « chère brigande », qui l’accompagne depuis tant d’années, féministe avant l’heure, égérie d’une bande de Robins des Bois bretons, qui prenaient aux nantis pour donner aux plus démunis, Marion du Faouët, pendue au gibet de Quimper en 1755. Et voici, vivante comme jamais, sous la plume élégante de Michèle Lesbre, la figure rebelle du XVIIIe siècle qui vient percuter notre époque, où sévissent les inégalités. L’auteur dialogue avec elle, puise dans son histoire l’énergie de croire encore aux utopies, malgré le plomb de l’actualité, se souvient à son tour des combats qui l’ont portée, comme la guerre d’indépendance algérienne. Se déplaçant en Bretagne, sur les traces de sa « chère brigande », l’auteur voit resurgir l’histoire d’un amour aujourd’hui disparu, les mémoires se mêlent, subtiles et mélancoliques, et Michèle Lesbre signe sans doute son livre le plus intime. Éclatant de sincérité. »