WWW.ACTUALITTÉ.COM, Cécile Pellerin, vendredi 27 février 2015


« Mon cœur a glissé dans ton corps »

« Dès les premières pages, l’écriture de Léonor de Recondo est saisissante, pénètre d’emblée le lecteur, séduit par l’élégance et la délicatesse du style. Limpide et concise, si spontanée, elle accueille avec bienveillance celui qui pose son regard sur les pages, et ne l’éloigne qu’au terme du livre, avec de vrais regrets. Alors ébranlé, touché par la grâce et la beauté du roman, le lecteur est à la fois perclus de douleur mais enveloppé de dignité car, face à un tel raffinement, seule la retenue peut convenir et l’admiration régner, pour l’auteure comme pour l’histoire.[…]

L’enfant à naître deviendra celui du couple de la maison, dans le plus grand secret de la demeure. Pour le plus grand soulagement d’Anselme, rassuré sur sa virilité, de Victoire, désormais mère en évitant tout enchevêtrement immonde, de Céleste, qui garde sa place, échappe à la faiseuse d’ange. […]

Intensément romantique, cette histoire, à la fois sensuelle et délicate, au charme légèrement suranné, fait corps avec l’écriture de Léonor de Recondo, rend compte avec une infinie justesse de l’atmosphère de ce huis-clos ; se respire presque.

D’abord les mouvements d’étoffe précieuse, des rubans de soie sur le corps frêle de Victoire, les lacets du corset qui compriment, les draps de fil au parfum de lavande ou la toile de lin rêche, puis l’odeur de Céleste, doux mélange de fougère, de foin coupé et de transpiration, pénètrent le lecteur […].

Le voilà submergé par la puissance des mots, bouleversé par ce sentiment amoureux qui se déploie, transcende les personnages, libère leurs craintes ; au-delà des barrières sociales ou célestes. Un monde glissant, fiévreux, exaltant à l’intérieur duquel le lecteur se sent pris de vertige et chancelle avec bonheur. »