WWW.LACAUSELITTERAIRE.FR, Stéphane Bret, vendredi 20 décembre 2013


« Il y a dans ces trois personnages une volonté commune de s’émanciper, de se libérer d’un passé parfois trop lourd à porter. Pour Esther Weiss, c’est l’héritage familial : l’arrivée de ses parents en Israël, parsemée d’embûches, de drames, d’attentes à travers des camps de transit en Europe, à Chypre, avant l’arrivée finale en terre promise. Ses parents sont pieux, veillent au salut moral de leur fille, qu’ils surnomment avec affection Estherleh. Pour Moïse, c’est l’abandon de son Maroc natal, qu’il peine à résorber et à surmonter. Il pense, sans remords, à son épouse Catherine, restée en France, à l’état de leur couple, très précaire. Alex, pour sa part, a nourri des idéaux révolutionnaires en arrivant en Israël. Était-ce pour compenser la culpabilité éprouvée par son père Léon Morgenstern, psychanalyste à Buenos Aires, à cause de son mariage quasi obligé avec Hanka, rescapée de la guerre ?
La volonté de circonscrire cette culpabilité, le désir de commencer une nouvelle étape de leur vie font se rencontrer Moïse, Esther, Alex, à cette terrasse de dancing d’une plage israélienne. Ils découvrent, au fil du livre, que leurs parcours respectifs se relient à l’histoire, la grande, par des allusions, des retours en arrière sur la rafle du Vel d’Hiv, sur la guerre d’Indépendance de 1948, sur le passé de l’Argentine, qui a accueilli des réfugiés juifs et servi, aussi, de filière d’évasion aux nazis. »